La France, à travers ses territoires ultramarins, porte la responsabilité de la conservation d'une herpétofaune incroyablement diversifiée, avec notamment des représentants des principales lignées de Squamates. Son domaine couvre plusieurs écorégions qui s'étendent des archipels de l'Océan Pacifique, aux îles de l'Océan Indien et de la Caraïbe. C'est toutefois en Guyane - car la France est également amazonienne - que la diversité des Squamates est la plus élevée. La faune des Squamates de Guyane (Serpents, Amphisbènes et Sauriens) se compose de 157 espèces. Dans cet article, nous nous intéresserons à l'identification d'un groupe modeste, d'une dizaine d'espèces, appartenant à l'infraordre des Gekkota, populairement regroupées sous l'appellation "Geckos". Avant la colonisation européenne, les terres guyanaises hébergeaient 6 espèces de Geckos indigènes appartenant aux familles des Sphaerodactylidae (5 espèces) et des phyllodactylidae (1 espèce). Au début du 16ème siècle, le commerce triangulaire (traites négrières) pose les bases d'une mondialisation des échanges commerciaux. L'intensité des flux commerciaux ne cesse alors de croître et atteint son apogée au 21ème siècle. L'une des conséquences de ces échanges transocéaniques sera l'arrivée et l'acclimatation d'espèces exotiques. Quatre espèces exotiques de Geckos des familles des Gekkonidae et des Sphaerodactylidae ont ainsi fondé des populations pérennes en Guyane et étendent progressivement leur aire de répartition. Le plus ancien colon est le Gecko mabouia, probablement parvenu d'Afrique dès le début des traites négrières. Il n'est cependant cité pour la première fois en Guyane qu'en 1836. Suivront, bien plus tard, le Gecko mutilé (1996), le Gonatode à bande blanche (2008) et très récemment, le Gecko demi-deuil (2016). La dynamique est malheureusement enclenchée et il est prévisible de découvrir de nouvelles espèces de Geckos exotiques dans les prochaines années. Les navires marchands en provenance de Floride, véritable nœud maritime et port d'attache des espèces exotiques, sont particulièrement à surveiller. L’objectif de cet article est d’offrir à la communauté naturaliste et aux gestionnaires un outil permettant d'identifier facilement les Geckos. Ce document permettra de soutenir les initiatives d'inventaire et de suivi des populations de Geckos natifs et exotiques, notamment via le canal de la science participative (contribution à la base de données Faune-Guyane, https://www.faune-guyane.fr).