Rien n’est plus difficile pour nous, humains, que de nous figurer des temps anciens de plusieurs milliers ou millions d’années. Même lorsqu’il s’agit de périodes récentes largement explorées lors de nos études, il nous faut sans cesse nous rappeler que le « temps des Romains » a duré un millénaire, tout comme, d’ailleurs, le Moyen Âge, si souvent invoqué comme s’il s’agissait d’un épisode court et homogène. Pourtant, ces deux millénaires de notre histoire sont matérialisés par des restes architecturaux, des objets de musées, des fragments de notre patrimoine littéraire ou même de notre langue. Ô combien plus difficile est-il de se représenter des états de notre planète bien antérieurs à l’histoire, à la naissance de notre lignée humaine ou, plus encore, à la mise en place de la géographie telle que nous la connaissons. Notre tendance naturelle nous incline à appréhender le monde comme un tout immuable. C’est l’histoire naturelle qui, en faisant parler les formations géologiques, les fossiles et les marqueurs biogéochimiques, ou les restes bioarchéologiques trouvés dans les sites préhistoriques, a ouvert le regard de l’humanité à une vision non plus fixiste, mais changeante de l’histoire de notre planète, de la biosphère et de l’humanité elle-même. C’est ce qu’illustrent les trois cartes et frises chronologiques qui suivent. Chacune à une échelle de temps différente, elles aident à appréhender cette difficile profondeur du temps. Elles mettent à la portée de tous les changements intervenus dans la forme des terres émergées depuis 255 millions d’années, dans les climats et les formations végétales depuis la dernière glaciation, il y a 24 millénaires, et dans la composition des animaux d’élevage et des plantes de culture depuis 150 siècles.