Les moutons sont une composante importante du cheptel de la culture de Kerma, au nord du Soudan. Dans la ville antique de Kerma, les nombreux restes de moutons attestent une exploitation centrée essentiellement sur la production de viande. Les tombes de la vaste nécropole, située à quelques kilomètres à l’est de la cité, révèlent un autre aspect de l’utilisation des ovins. La plupart des tombes du Kerma moyen, entre 2000 et 1700 avant J.-C, livrent plusieurs moutons entiers, parfois momifiés naturellement. Ces animaux sont déposés au sud et à l’ouest du défunt. Il s’agit presque toujours de mâles de moins de deux ans. Parfois, un individu porte un disque en plumes d’autruche entre les cornes ainsi qu’un décor de perles. Ces animaux font penser aux figurations sahariennes de « béliers à sphéroïdes » mais également aux moutons criocéphales de l’Égypte ancienne. Grâce aux nombreux squelettes complets découverts dans les tombes, leur morphologie est bien connue. Ces animaux cornus, graciles et de haute taille témoignent d’une longue domestication et d’une adaptation au milieu désertique. L’analyse des caractères ostéoscopiques (ou discrets), sur le crâne comme sur le squelette post-crânien, a permis en outre d’analyser, par comparaison avec d’autres populations ovines, les variations morphologiques diachroniques et d’apporter des éléments à la discussion sur la diffusion de l’élevage ovin autour du bassin méditerranéen.